N.B : Vincent TRAN et Cécile DEVISME étaient les invités de l’émission Deux sous de scène sur Radio libertaire le 30 Août 2025 en podcast avec le lien ci-dessous :
Mais quelle idée, quelle idée ! Peut-être l’ignorez vous, l’auteur de ce dessin a pour nom d’artiste Sem, caricaturiste de la Belle Epoque. Eh oui, songez y en dégustant ces gourmandises !
On ne meurt jamais finalement ! Un dessin c’est comme une fleur qui s’épanouit dès qu’on la regarde . Et nous voilà telles des abeilles qui butinent, butinent pour notre plaisir !
N’est-ce point un scoop, Sem, le caricaturiste de la Belle époque est le père de ma chère mère Mireille, nous venons de le découvrir, nous ses petits enfants, les trois oeufs de Mireille : Elfie, Emmanuel et Evelyne.
Un secret familial qui aura duré 103 ans. Ce livre vient à la suite de Mon cher enfant, édité aux Éditions du Net en 2022, il a pour objet une mise à jour des propos que j’ai tenus sur Sem, et je me suis permis d’y inclure quelques réflexions en parallèle.
Arlequin Arlequin poignardé Sur les quais du vieux Londres L’enquête est mal conduite Et Scotland Yard s’y perd On a fouillé en vain la chambre Addlestone Square La dame de l’hôtel refuse de répondre On recherche un vieux clown Qui le soir du crime Réparait sur les docks Un cerceau en papier Car en effet, lui seul pourrait Nous révéler quelle était la chanson Que chantait la victime
Interpol a lancé trois agents sur l’affaire On a interrogé les amis du défunt Polichinelle à Rome Colombine à Berlin Et Pierrot, Pierrot qui faisait Du ski à Val d’Isère
Tous trois ont répondu D’un air un peu bizarre Car ils savent déjà Que ce sera bientôt leur tour Ils connaissent le nom du tueur de guitare Mais pendant ce temps–là L’assassin court toujours L’assassin court encore Il s’appelle « chacun »…
Chacun de nous, de vous Aux treize coins du monde Chacun a plus ou moins Dans les brouillards de Londres Un soir sans le savoir Poignardé Arlequin…
Ne vous est-il pas familier ce visage d’Apollinaire portraitisé par Picasso, Marie Laurencin et Jean Cocteau avec cet air bonhomme voire jovial ? Cet homme là est poète et d’après Eric NAULLEAU de nature à nous faire signe tous les jours . Rappelons nous la chanson de Charles TRENET, L’âme des Poètes :
Longtemps, longtemps, longtemps Après que les poètes ont disparu Leurs chansons courent encore dans les rues
Apollinaire fait partie de ces poètes et ces poèmes ont été mis en musique par Léo FERRE !
Apollinaire a écrit les plus beaux poèmes d’amour de la langue française, il a ouvert la porte à la poésie en prose, il a inventé le mot surréalisme pour qualifier son drame Les Mamelles de Tirésias « drame surréaliste en deux actes et un prologue ».
Toujours fleuri l’arbre de poésies d’Apollinaire, et il suffit d’en cueillir quelques unes pour imaginer l’homme. C’est toute la puissance de la poésie de pouvoir évoquer un homme ou une femme .
Par la voie, la voix de Judith MAGRE, comment ne pas être saisi par une lettre d’amour à Lou, écrite dans une tranchée bombardée d’obus. Mais il ne faut pas croire qu’Apollinaire, l’auteur du mélancolique Pont Mirabeau soit toujours triste . Des extraits de Zone nous le prouvent, l’artiste était un bon vivant, curieux de tout, toujours prêt à mordre la vie à pleines dents.
La causerie sur Apollinaire concoctée par Judith MAGRE et Eric NAULLEAU recèle des anecdotes savoureuses que nous ne vous dévoilerons pas, il suffit d’aller les applaudir pour en apprécier la substantifique moelle.
Eric NAULLEAU tout en finesse communique son admiration pour le poète et Judith MAGRE possède cet art unique, propre à l’artiste : faire entendre l’âme du poète !
Une causerie ? Le terme est léger mais il convient tout à fait à Apollinaire. A l’issue de la représentation, on croit encore l’entendre converser derrière nous. Vive Apollinaire !
Evelyne Trân
Le 27 Mai 2025
LISTE DES POÈMES DITS PAR JUDITH MAGRE
Le Pont Mirabeau Zone (I et II) Hôtels Marizibill La Chanson du mal-aimé Sur les prophéties À la Santé Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople Le Chat Le Serpent Le Lion L’Éléphant La Puce Le Poulpe Scène du 22 avril 1915 Poème à André Billy La Loreley
C’est l’histoire de l’amour incommensurable d’une mère pour son fils. C’est l’histoire d’une mère qui est prête à tout pour offrir la meilleure vie à son fils. C’est l’histoire d’une réussite…
Fin septembre, réunion de parents d’élèves : elle est là, « la mère du Burt ». Celle qu’on n’a pas vue depuis des années, celle qu’on aurait sans doute préféré ne pas revoir. Elle n’a plus aucune raison d’être là, pourtant elle s’est invitée. Alors, comme le prof principal est en retard, elle se lève et parle. En combat contre les mots, elle se raconte, raconte son Burt, cet « enfant difficile ». Dans ce texte ciselé et haletant, cette mère courage n’a aucune limite pour son fils qu’elle embarque sur les routes de France, en quête d’un rêve hollywoodien. Et au fil de ce parcours entre musique, danse et cinéma, une vraie émotion se dévoile peu à peu. On comprend alors qui elle est, et pourquoi elle est là…
Equipe artistique
Interprétation: Pamela Ravassard Violoncelliste: Nathan Minière Collaboration artistique : Garlan Le Martelot Collaboration artistique et création lumière: Cyril Manetta Création sonore et arrangements: Frédéric Minière: Scénographie et costumes: Hanna Sjödin Chorégraphie : Johan Nus Coach vocal: Stéphane Corbin
Le spectacle ZOOM de Gilles GRANOUILLET interprété et mis en scène par Pamela RAVASSARD donne tout son sens ( c’est le cas de le dire car nous l’avons découvert au Festival SENS ) au qualificatif de Seule en scène .
Qu’attendrions nous d’un seul.e en scène s’il était proposé au quidam auquel chacun.e de nous pourrait s’identifier ? Il y a une bonne quinzaine d’années au Théâtre Le Lucernaire grâce à la bienveillance de son directeur Christian LE GUILLOCHET, le dernier dimanche du mois un poète slameur Vincent JARRY organisait une scène ouverte permettant à « n’importe qui » de s’exprimer . De fait cette scène était réservée aux personnes n’ayant pas les moyens de payer pour la scène suivante destinée aux professionnels.
Cette opportunité de s’exprimer face à un public, sans détenir les codes des artistes professionnels, il fallait la saisir car elle était exceptionnelle . Imaginez le fantasme, se retrouver seul.e face à un public inconnu pour délivrer quelque chose d’intime qui nous tient au cœur, ou un message urgent qui nous relie à la vie.
Ce personnage de Zoom, une mère qui vient frapper à la porte d’un public inconnu, ici, un groupe de parents d’élèves pour lui raconter son histoire de mère avec un enfant « difficile » évoque cette émotion de se retrouver seul.le pour raconter l’inaudible qui a pourtant un lien avec la société, qui se trouve sans doute en dessous du goudron de la rue, parcouru par tout le monde, qui est comme le terre plein du coeur qui bat à tout rompre, dans l’urgence, mais dans l’urgence de quoi ?
Cette femme qui s’est complètement identifiée à son rôle de mère a oublié qu’elle était une personne à part entière . Elle s’est effacée de son propre miroir pour se projeter sur le destin de son fils Burt devenu la prunelle de ses yeux. Elle rêve pour lui la gloire d’un acteur tel que Burt LANCASTER, parce qu’elle l’a conçu lors de la projection au cinéma du film « Tant qu’il y aura des hommes ».
La confession de cette femme est bouleversante parce qu’elle n’est pas lisse. Nous sommes tellement habitués au langage conventionnel, suffisamment léché pour entrer dans les oreilles de quiconque, que nous sursautons dès que nous entendons une personne qui parle trop fort, qui crie, lance des insultes etc.
« Passez votre chemin » aura-t-on envie de dire à cette dame. Vous nous importunez avec votre histoire. Pauvre femme ! » On pourrait la qualifier de toxique la mère de Burt parce que c’est évident à cause de son manège insensé elle a rendu la vie de son gosse impossible. Et si nous essayions de faire Zoom comme Gilles GRANOUILLET sur ces détails qui prennent une importance inouïe sans même que l’on s’en rende compte.
Nous ne sommes pas psychiatres, nous n’avons pas les codes pour juger et comprendre sans doute, mais cela nous fait du bien de l’entendre cette femme parce qu’elle nous renvoie à des fantasmes que nous avons peut être eu en tant que parents, parce qu’elle nous parle de la vie tout simplement.
Et puis cette pauvre femme est aussi une mère courage, nous laissons au public imaginer la suite…
Gilles GRANOUILLET sait trouver le langage qui ne coule pas de source mais qui est révélateur de la vie intérieure de la mère de Burt jusqu’à ce qu’elle arrive à se dire. Pamela RAVASSARD est saisissante. Elle crache le morceau mais il est de taille à nous subjuguer.
Evelyne Trân
Le 26 Mai 2025
N.B : Paméla RAVASSARD était l’invitée de l’émission DEUX SOUS DE SCENE sur Radio Libertaire 89.4, le samedi 24 Mai 2025, en podcast sur le site de Radio Libertaire.
Le spectacle aura lieu Festival off d’Avignon du 4 Juillet au 26 Juillet à 10 H (relâche les 8, 15, 22 juillet) au Théâtre GIRASOLE 24 Bis rue Guillaume Puy 8400 AVIGNON
Ce sont les 7 derniers jours de Madeleine Béjart, première compagne de Molière, qui a été sa « mentor », sa muse, sa compagnonne de route, son ombre…
Madeleine Béjart est une femme moderne. Elle s’aventure sur des chemins qu’aucune femme de son époque n’a empruntés. Elle est une interprète de génie, elle écrit des vers, elle invente la mise en scène, elle construit, finance et dirige la troupe qui deviendra le Théâtre Français en 1680. La Comédie Française devrait s’appeler la maison de Molière et de Madeleine Béjart !
Madeleine BEJART, voilà un nom qui résonne dans notre mémoire scolaire mais pas davantage. Pierre Olivier SCOTTO se penche sur le destin de cette femme « saltimbanque » qui fut la compagnonne de Molière à ses tout débuts jusqu’à sa mort.
Il ne s’agit pas d’une hagiographie mais du portrait d’une comédienne qui consacra toute sa vie au théâtre et qui déballe son amour pour cet art de façon bouleversante.
Histoire de vie, leçons de théâtre s’entremêlent allègrement. Si vous ne savez pas rire, vous découvrirez avec Isabelle ANDREANI toute la gamme des rires indispensable dans une comédie. Si vous n’avez jamais fait de théâtre, Madeleine BEJART incarnée par Isabelle ANDREANI vous donnera sûrement envie de monter sur les planches, ne serait-ce qu’en artiste amateur. Car la passion est contagieuse, et chez cette femme elle parle surtout de bonheur. L’auteur de la pièce Pierre Olivier SCOTTO nous fait grâce de ses malheurs ou ne les évoque qu’en sourdine. Madeleine BEJART, fille mère, mal aimée par Molière dut accepter que ce dernier épousa sa propre enfant Armande. Dans l’ombre de Jean-Baptiste qu’elle déniaisa et qu’elle sauva de la déroute financière à ses débuts -puisque Molière apprend-on a fait de la prison pour dettes – participa même à l’écriture de certaines pièces, Madeleine fut en somme la colonne vertébrale de Molière comparé à un homard enveloppé d’une carapace mais mou à l’intérieur.
Franchement Isabelle ANDREANI est fabuleuse dans ce rôle. Elle apparait d’ailleurs toute émue lorsqu’elle vient saluer le public sous un tonnerre d’applaudissements. C’est comme si Madeleine réincarnée sortant de l’ombre du souverain Molière, accédait enfin à la reconnaissance . Qu’on se le dise sans Madeleine, nous n’aurions pas eu Molière.
Un seule.en scène idéalement mis en scène par Xavier LEMAIRE à ne pas manquer !
Evelyne Trân
Le 25 Mai 2025
N.B :Le spectacle sera au Festival d’Avignon de 5 au 26 Juillet 2025 à 11 H 45 – Durée 1 H 15 – relâche les 11, 18 juillet- à LA LUNA 1 rue Séverine 84000 AVIGNON.
C’est comme si c’était l’histoire d’un homme qui se racontait une pièce de théâtre. Ou c’est comme si une pièce de théâtre traversait un seul homme. Dans les deux cas, le présent a un goût de souvenir. Théâtre radical : de quoi s’agit-il là, sinon de voir les voix, et de tenter de les faire voir ? L’art de la « mise en scène » attendra. Nous arrêtons ici le « spectacle » à sa seule rêverie. Dans la pièce de Daudet, on ne voit jamais L’Arlésienne, n’est-ce pas ? Cette fois, on ne verra pas davantage les autres, Frédéri, Vivette, Rose Mamaï, le Gardian ou Balthazar… mais on entendra leurs spectres. Et pourquoi L’Arlésienne ? Parce que c’est la Provence et, derrière la naïveté apparente de ses accents, tendez l’oreille, plusieurs Provence. Et parce que c’est autrefois et, tendez l’oreille, c’est encore maintenant. Et parce que c’est l’amour, enfin. Tendez l’oreille : celui, ici, maladie infantile et mortelle, de tous pour tous.
» l’Arlésienne » Qui ne connait pas cette expression concernant une personne dont tout le monde parle mais qu’on ne voit jamais ? Cette Arlésienne, elle existe pourtant bel et bien dans une nouvelle des Lettres de mon Moulin d’Alphonse DAUDET qui fut adaptée pour le théâtre sur une musique de Georges Bizet. La pièce n’a guère été jouée, aussi l’initiative de Daniel MESGUICH d’offrir au public une représentation de cette pièce en interprétant tous les protagonistes est particulièrement bienvenue. Et puis c’est une expérience unique pour les spectateurs. Imaginez une pièce avec de multiples personnages sortant de la bouche d’un seul interprète qui réussit à captiver son auditoire, sans quitter son tabouret, en jouant seulement de sa voix , l’indispensable instrument de l’acteur.
En fond de scène , mouvementée par quelques silhouettes apparait la ferme « maudite » qui conserve le souvenir d’un mélodrame, sujet de l’Arlésienne. Car l’Arlésienne est un mélodrame qui raconte l’amour malheureux d’un homme pour une femme . C’est un mélodrame collectif car tout l’entourage du héros Fréderi est suspendu à cette histoire d’amour et jusqu’au bout, il espère une issue heureuse.
Et le conteur de maintenir la tension et le suspense. « Bon Dieu, se demande le public, que se passe t-il dans la tête de tous ces gens et surtout dans celle de Fréderi ? » Les commentaires, nous les garderons pour nous, l’issue du mélodrame est écrite n’est-ce pas ? Or nous continuons à espérer jusqu’à la fin, jusqu’à la fin , les larmes aux yeux.
Tous ces ruisseaux de voix, celles de Vivette, Balthazar, Fréderi, Jeannet, Rose etc. réunies par Daniel MESGUICH recréent l’écho d’une histoire qui vient juste d’avoir lieu. Comment ne pas être bouleversés !